L’atelier résonne des coups de maillets et les copeaux de bois s’envolent autour de Vitali Panok. « C’est une matière chaude, vivante, et qu’il faut bien connaître pour la travailler. Il y a dans la sculpture sur bois une difficulté qui nous fait mesurer ce que l’on est en train de faire » prévient l’intervenant.
En même temps que sa première année à l’atelier, Martine espère achever un masque d’inspiration océanienne. « Mon père était charpentier et j’ai vécu toute mon enfance dans les copeaux et l’odeur du bois ». Elle s’est pourtant laissée surprendre par l’importance du travail de report de mesures. « J’avais tendance à aller tout de suite aux détails expressifs, à vouloir faire les yeux par exemple, ici j’ai appris à d’abord bien calculer ». Car ce n’est pas dans le bois que l’on cherche la forme. C’est dans l’argile modelée puis, moulée dans le plâtre pour servir de modèle. « Pour tailler directement le bois il faut beaucoup d’expérience, met en garde Vitali Panok. C’est comme naviguer sans boussole mais, cela peut arriver pour des morceaux intéressants ; c’est alors une improvisation dans laquelle les gens vont souvent vers des choses abstraites ».
Mieux vaut utiliser un modèle dont on reporte les proportions sur le bois au fur et à mesure car, « dès qu’on a donné le mauvais coup de gouge c’est trop tard, le bois n’est plus là » sourit Serge qui sculpte un corps de femme. Il se souvient de son premier cours, il y a 6 ans. « Je voulais reproduire une statue de Maillol. Je tournais autour de l’épaule, quelque chose n’allait pas ; Vitali Panok est arrivé, a modifié le modelé d’un minuscule centimètre et, enfin, ça fonctionnait ! » A l’atelier de la rue Saint-Blaise, l’intervention du sculpteur est avant tout technique. « J’essaie de transmettre mon expérience mais la sculpture sur bois est un marathon qui demande du temps » reconnait-il. Aussi, pour profiter du travail du bois lui-même, Taj-Eddine part-il cette fois d’une figurine existante. « L’agrandissement est une corvée mais je me force à bien faire les mesures pour me perfectionner et, finalement, je gagne du temps ! ».
Plus loin, Nicole et Vitali Panok échangent des astuces pour dénicher de beaux morceaux de bois à Paris. Nicole travaille sur une essence de sophora de laquelle elle fait émerger un buste. Egalement passionnée par la pierre, cette amatrice aguerrie trouve avec le bois un autre rythme. « Le bois possède une belle texture que l’on peut poncer ou dans laquelle on peut choisir de laisser les traces de gouges, développe l’intervenant. Mais il faut savoir anticiper les contraintes du matériau et ceci dès le modelage de la terre. Le sens du fil du bois, notamment, joue un rôle fondamental dans la sculpture sur bois. C’est comme de travailler avec un être humain, on doit d’abord comprendre son caractère ».