Entrée dans la modernité avec l’artiste américain Andy Warhol au début des années 60, la sérigraphie a été mise au point par les chinois au XVIIIème siècle. Elle reste une des techniques d’impression mécanique les plus populaires et les plus simples au monde. Sur le principe du pochoir elle permet d‘imprimer une image ou un motif en utilisant un écran entre l’encre et le support. Un procédé répétitif qui permet de faire des multiples. Pauline Filleron, qui anime l’un des ateliers de sérigraphie, invite les inscrits à interroger la discipline et ses codes avec une grande liberté d’expression.
Dans ce vaste atelier, il y a une belle lumière, de la couleur, des coulures, des tirages qui sèchent. A chaque poste de travail, l’activité est intense : on visse des charnières, on descend les presses, on frotte la trame au chiffon pour éviter qu’elle se bouche, on dégrave l’écran au Karcher. Toutes les étapes de la sérigraphie sont abordées avec une belle énergie par les participants. Ils viennent souvent en ayant une idée très précise de ce qu’ils veulent réaliser. Pauline Filleron, une passionnée, les incite à explorer la discipline pour y tracer leur propre sillon. Mais, il y a aussi, pour chacun, le désir d’ouvrir une brèche dans un monde trop informatisé, de renouer avec une technique artisanale où la main et le geste se retrouvent en première ligne. En bref, concilier tradition et modernité. Alice, artiste, diplômée des Beaux-Arts, trouve ici les conditions de travail idéal et le matériel requis pour développer ses idées créatives Dernièrement, elle a testé des encres spéciales dans le but de créer des messages phosphorescents sur des bouteilles « Je tambouille, je racle, je dose : la sérigraphie, tout comme la céramique, s’apparente à la cuisine. » Aujourd’hui Pauline l’aide à placer le papier pour réaliser un grand format à partir de photos de cactus. Sur toute la surface, elle racle avec vigueur l’encre qui passe à travers les mailles. La magie opère : les formes et les couleurs apparaissent. Nelly, graphiste, trouve ici « son oxygène, loin de son ordinateur, et des logiciels. » Son projet d’affiche de Los Angeles avec douze teintes différentes requiert minutie, habileté, patience. Son plaisir ? Tâtonner, chercher des couleurs jusqu’à l’équilibre et la justesse. Pour les débutants, un suivi individuel permet d’obtenir des résultats en quelques séances. Par exemple, la réalisation de sérigraphies monochromes à partir de photos ou de dessins sur tous supports : papiers, textiles, bois, verre, miroir, plastique...