À Paris-Ateliers Couronnes, Constance du Bellay anime l’atelier bijoux émaillés qui transpose au bijou les techniques traditionnelles de l’émail de Limoges, tout en incluant de nouvelles matières, comme la pâte de cuivre qui permet aux amateurs d’accéder à l’émaillage de formes modelées.
« Travailler sur un bijou est un peu plus complexe que de travailler sur une plaque décorative parce que le support est moins grand et que la technique contraint la forme, par exemple sur le volume l’émail a tendance à glisser » prévient l’intervenante. Le matériau utilisé est de l’émail dit « de bijoutier » qui est fait de verre cristallin ou opaque broyé finement. Il offre aux émailleurs plusieurs palettes de couleurs, opaques et transparentes, auxquelles peuvent être associés le chatoiement de paillons d’argent.
Les inscrits conquièrent leur autonomie au cours d’une première année structurée par des exercices qui leur inculquent les bases techniques. C’est le cas d’Eléonore et d’Oana qui réalisent un bracelet constitué de plaques mobiles émaillées selon la technique du champlevé. La réalisation de l’une évoque l’Art nouveau, l’autre s’inspire de l’Art déco. Pour l’une, l’atelier est une retrouvaille avec le matériau verre, pour l’autre qui est aussi inscrite en bijouterie « c’est une occasion de combiner le travail du métal et les couleurs de l’émail ».
Une génération sépare ces deux trentenaires de Sylvia et Maelys, toutes deux boulimiques de savoir-faire. « Je regrette d’avoir laissé passer les 20 années précédentes mais j’avais autre chose à faire, commence Sylvia. Je suis passionnée par les arts du feu, aujourd’hui je fais de la porcelaine, de la bijouterie et ça m’intéresse de voir la fusion de l’émail avec la matière ». Maelys lui fait écho : « j’ai commencé trop tard pour accéder à une formation professionnelle mais de nouvelles technologies, comme la pâte de cuivre ou le four à régulation thermique, me rendent accessibles des choses autrefois réservées aux seuls spécialistes ».
Plus loin, Lisa tire malgré tout la langue en découpant le cuivre au bocfil pour créer un cloisonné. « Vérifie la tension de ta lame, elle doit-être tendue au maximum » lui conseille Constance tout en rectifiant sa position sur l’établi. « Le bijou émaillé est assez intriguant, c’est deux disciplines en une, analyse Céline. A cause du martelage, j’ai parfois l’impression d’être un forgeron mais il y a aussi la couleur, le modelage, la découpe et puis le fait de jouer avec le feu qui me renvoie à un plaisir d’enfant. »