Tous ceux qui passent la porte de cet atelier d’ébénisterie partagent la même passion pour le bois. Ils aiment regarder, sentir, toucher et transformer ce matériau vivant, noble, écologique. Dans une ambiance d’échoppe d’artisan, les participants trouvent ici la place et l’outillage pour se lancer dans un projet utilitaire ou décoratif.
Une bonne odeur de bois, des copeaux qui jonchent le sol, un panneau d’atelier avec des scies, des ciseaux, des rabots et autres trusquins. Et puis le bruit strident d’une scie à ruban dont la lame découpe une planche en quelques secondes. « Une machine à manipuler avec beaucoup de vigilance » avertit Claude Genelle-Exbrayat, un intervenant au profil atypique multi-casquette : ébéniste, économiste de la construction, musicien. Son atelier est ouvert à tous. Certains sont déjà titulaires d’un CAP ou passés par l’école Boulle, d’autres débutants n’ont jamais découpé une planche de bois. Pour ces derniers, Claude impose un exercice : la réalisation d’un coffret. Un passage obligé pour connaître les ficelles du métier : l’assemblage, le maniement des outils et des machines, les bons gestes, le positionnement du corps et le vocabulaire haut en couleurs des ébénistes (dégauchisseuse, queue d’aronde, riflard, etc.) « Il y a tellement de choses à apprendre » renchérit Claude.
Tout projet doit faire l’objet d’un dessin technique. Quelques bases de géométrie pour les cotations sont un plus ainsi que la connaissance des essences de bois qui est au cœur du métier. « À tous ces pré-requis, j’ajouterais des notions de sculpture, de peinture et une bonne connaissance de l’histoire des arts décoratifs » souligne Véronique qui revendique une passion nourrie dès l’enfance. À sept ans, elle demande une panoplie de petit menuisier et à l’adolescence coupe, assemble, colle toutes sortes de choses. Depuis, le bricolage est devenu son royaume et son domaine. Aujourd’hui, accessoiriste de théâtre, Véronique cherche un complément de formation pour réaliser elle-même du mobilier pour la scène. Inscrite depuis deux ans à l’atelier elle finalise une table de nuit avec une technique d’assemblage « tenons et mortaises» apparentes. Claude qui livre volontiers ses secrets d’atelier lui vient en aide pour une réparation délicate. Car malgré un outillage perfectionné l’intervention de la main dans l’ébénisterie est essentielle et irremplaçable. « Lorsqu’ on a le regard aguerri, on voit les défauts, l’œil est critique.» dit l’intervenant.
Le travail du bois était déjà un centre d’intérêt et une pratique régulière pendant les loisirs de Philippe. Désormais retraité, il s’y attelle comme un professionnel. Séduit par une photographie de banc de jardin anglais du XIXème, il le reproduit pour sa terrasse. Afin de ne pas avoir de surprise, il a dessiné un plan grandeur nature avec tous les détails. Après cinq mois de fabrication, il aborde les finitions : râpage, raclage, ponçage et peinture.
La motivation de Yohann, graphiste ? « Ne pas rester dans le virtuel, concrétiser les formes que j’ai imaginées à partir d’un logiciel » Son projet : un canapé en bois massif d’inspiration scandinave pour son salon. De difficultés croissantes, les réalisations jalonnent la progression des participants. Après des tables de nuit, des étagères, un lit de bébé, Rémi cintre le bois -une opération très précise- pour les pieds d’un bureau. Habile et ingénieux, il aime l’odeur du bois enregistré, enfant, chez un voisin menuisier qui lui ouvrait les portes de son atelier.
Pour tous ici, le bois est facteur d’harmonie. Il embellit et humanise les intérieurs, s’adapte à tous les styles. Et le transformer répond à un désir : fabriquer soi-même quelque chose, personnaliser meubles et objets. Car c’est le moindre détail, même caché qui fait la différence. S’y ajoute le plaisir de ne pas découper du bois en solo, mal installé dans son garage. Adeptes du Do it yourself (« faites le vous-même ») ils revendiquent aussi le Do it with others (« faites-le avec les autres »).