L’atelier de Calligraphie arabe

Par sa virtuosité, son mouvement, son harmonie, la calligraphie arabe s’impose, même dans l’œil du profane, comme un art total. Dans l’atelier de Mohammed Yacoub, les participants manient le calame pour faire d’un signe un objet de beauté. Et ils découvrent un univers unique, reflet de la richesse culturelle du monde arabo-musulman.

Nulle calligraphie ne peut exister sans le calame, une plume en roseau qui est le prolongement de la main et de l’esprit du calligraphe. Avant de tracer le premier trait, il faut le tailler en biseau et réaliser une petite fente au cou pour restituer l’encre ou la retenir. Puis, les participants réunis autour d’une grande table apprivoisent cet outil élégant et intemporel en répétant des exercices d’écriture : des bâtons, des volutes. Puis, ils s’initient au point mesure qui fixe les proportions de chaque lettre. Toujours à la recherche du mouvement juste, ils noircissent des pages entières de signes isolés. La parfaite maîtrise de ces modèles acquis en observant le maître est le point de départ de la composition graphique et plus tard de l’improvisation. ”Les codes géométriques et ornementaux de la calligraphie arabe ont été fixés dès le Xème siècle par Ibn Muqla”, explique l’intervenant. ”On compte huit styles principaux qui possèdent chacun ses caractéristiques. En général, au début, je propose deux styles opposés, le Naskhi et le Diwani. Le premier est fin, très lisible, équilibré, le second, d’origine turque et tout en courbes apparaît plus libre et ornemental”.

« Chaque lettre a son propre tempo, la calligraphie s’apparente à la musique. En associant des caractères on crée un rythme musical, une mélodie, observe Leila qui plébiscite le Diwani pour sa grande diversité graphique. Paul a choisi la rigueur du Nashri, ”une base solide pour aborder tous les autres styles”. Ses calligraphies illustrent des maximes, des phrases de poètes ou de penseurs arabes. Il voit dans cette discipline “non seulement un embellissement de l’écriture mais également un support à la méditation, un exercice spirituel. La direction des lignes, la rythmique des traits, la position des lettres dans le mot requièrent une telle concentration que l’on réfléchit davantage au sens du mot transcrit”.

Marine, sans aucune connaissance de la langue arabe est venue à la calligraphie pour son esthétique, sa beauté “C’est un sommet de raffinement qui m’évoque l’atmosphère magique et enchanteresse des Milles et une Nuits. En quelques traits s’ouvre un univers unique et mystérieux”. Et ce sont toujours les mêmes mots qui reviennent sous son calame: amour, amitié, paix  espoir. ”J’aime l’atmosphère très sereine de cet atelier. On dessine au son apaisant du Luth. Et en en écoutant le groupe parler d’art, de poésie, de philosophie, je m’initie à la culture orientale”. Mohammed se penche sur sa feuille et saisit le calame pour corriger son trait et lui montre comment - entre contrôle et lâcher prise - donner de l’énergie au signe calligraphique. Formé auprès du grand maître irakien Gahni Alani, il impressionne par son trait à la fois nerveux et calme. Ses lettres se déploient dans l’espace, s’élancent, virevoltent. Il étire l’encre en de délicats aplats, joue avec les pleins et les déliés. Pour arriver à cette calligraphie dansée “Il faut” dit le maître “répéter, et répéter encore, faire ses gammes comme en musique”.

 

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