Non, le théâtre de marionnette n’est pas destiné aux seuls enfants. Et ne se limite pas à guignol. C’est un art millénaire, à la croisée de plusieurs disciplines. Il emprunte à la sculpture, la forme ; à la peinture, la couleur ; à la mécanique, le mouvement ; au théâtre, l’improvisation. Animé par Aurianne Bourbonneux, formée à l’école du théâtre aux Mains Nues, cet atelier aborde la fabrication et la manipulation de marionnettes à gaine, à tiges, à tringle ou sur table et permet à chacun d’en explorer toutes les ressources. Et de s’émerveiller. Une denrée rare par ces temps de désenchantement.
Au départ, il y a une toujours une histoire. Dans un conte japonais les participants ont choisi chacun un personnage qui va prendre corps sous la forme d’une marionnette de table. Sur un papier kraft, ils réalisent une esquisse. Puis, commence la construction, le travail sur le volume. Jany a choisi de représenter l’apothicaire, un caractère austère. Dans l’argile elle modèle la tête, creuse les yeux, amincit la bouche, autant d’éléments qui déterminent la physionomie du personnage. Depuis quarante ans cette ex -directrice d’école se passionne pour « cette discipline incroyablement riche qui parie sur l’imaginaire. Son désir ? « Intervenir dans les classes du primaire où le support de la marionnette permet de travailler le récit et améliore la lecture, le langage, la motricité des écoliers. Une démarche analogue pour Agnès, psychologue formée à l’art thérapie. « La marionnette est un medium extraordinaire, elle permet de prendre de la distance. On peut tout dire, tout faire, tout oser ». Julie, qui réalise des décors de théâtre et Marie sont venues à la marionnette par envie de la construire, de la manipuler, d’expérimenter des effets scéniques novateur. Mais également pour retrouver le goût de l’enfance, des instants de grâce. « D’une séance à l’autre, les participants imaginent, rêvent leurs personnages, souligne Aurianne Bourbonneux. Avant que la forme ne soit accomplie, il y aura des tâtonnements, plusieurs essais ». Elle suit pas à pas l’évolution des marionnettes jusqu’à l’obtention d’un vrai caractère, vérifie la flexibilité, les articulations. Il restera à donner à ces personnages burlesques, poétiques, étranges, un souffle de vie. Pour ce passage de l’inanimé vers l’animé, Aurianne Bourbonneux entraîne les participants dans un théâtre voisin. Au programme : les techniques de manipulation, le vocabulaire des apparitions, disparitions, transformations. Avec pour but de créer l’émotion.