Portrait d’intervenant : Hakim Beddar

Dans nos ateliers, chaque discipline a ses impératifs et chaque intervenant a ses petites manies... Nous vous invitons à les découvrir à travers le portrait des intervenants qui les font vivre.

 

Nom : Hakim BEDDAR

Discipline enseignée à Paris-Ateliers : Dessin toutes techniques, Livre d’artiste, Dessin – carnets de voyage

Depuis combien de temps : Depuis 2021, c’est ma 3e année à Paris-Ateliers

 

  •  • Quelle est ta formation, ton parcours ?

Je suis un artiste franco-algérien. J’ai suivi une formation de scénographe à Alger pendant cinq ans et j’ai réalisé plusieurs décors de théâtre en Algérie.

Je me suis installé en France en 1999, j’ai obtenu une licence en arts plastiques à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne puis j’ai ensuite enseigné les arts plastiques et le dessin.
J’ai atterri à Paris il y a trois ans, en occupant un atelier à la Fondation des Artistes à Nogent-sur-Marne durant deux ans. Actuellement, je suis en résidence artistique en Normandie. N’étant qu’à 100 km de Paris, cela me permet de venir pour enseigner sans souci.

J’accorde beaucoup d’importance aux techniques traditionnelles (peinture, dessin, estampe…), dans ma pratique personnelle comme dans ma manière d’enseigner, et cela tient une grande place dans mon processus créatif.

 

  •  • Peux-tu nous présenter le livre d’artiste ?

Le livre d’artiste, c’est une œuvre d’art, une création artistique. On associe le texte avec l’image. L’image, cela peut être de la gravure, du dessin, de la photographie, du collage, c’est très large !

C’est comme un workshop dans lequel on expérimente pleins de techniques et pleins d’idées en toute liberté.

 

  •  • Que souhaites-tu apprendre à tes élèves, que souhaites-tu leur transmettre ?

Dans le cours de dessin toutes techniques, je souhaite transmettre les fondamentaux. C’est-à-dire, apprendre à regarder, à travers le dessin d’observation, pour mieux représenter ce que l’on observe. Ces allers-retours entre ce que l’on fait et ce que l’on regarde affinent l’observation. C’est une gymnastique intellectuelle d’essayer de retranscrire ce que l’on voit en dessin. Le dessin s’apprend, la création ne s’apprend pas.

Pour le dessin – carnets de voyage, c’est pareil ! Le cadre et la thématique sont différents mais c’est le même principe d’observation et de retranscription en dessin.

Pour le livre d’artiste, il y a beaucoup de libertés. Les gens choisissent des mots, un poème, une histoire, et à partir de cela ils essaient de le traduire plastiquement. Maitriser les fondamentaux du dessin est moins nécessaire puisque l’on peut utiliser librement plein d’autres techniques. Si l’on n’est pas bon en dessin, on peut utiliser la photo, le découpage, le collage. Cela laisse plus de place à l’émotion.

L’année passée par exemple, il y avait une élève qui avait amené plein de feuilles d’automne ramassées dans la rue, et elle en a fait un livre ! Il faut accepter de lâcher prise, de se laisser aller et de chercher, pour s’épanouir dans cette discipline.

Pour le dessin, je souhaite également que chacun puisse explorer la constitution du dessin et acquérir les techniques (crayon, stylo…) de représentation, sur le plan formel et conceptuel. Ainsi, les élèves deviennent petit à petit plus autonomes.

 

  •  • Que retires-tu de ton expérience d’intervenant ?

Le plaisir de la transmission fait partie de mon ADN. À travers l’écoute et l’échange, j’apprends à connaitre l’autre et essayer de l’aider comme je peux. Cela me fait devenir « passeur », moi qui n’aime pas trop le terme « intervenant ». Cela me permet de mettre en place les moyens pédagogiques pour aider l’autre à évoluer et atteindre ses objectifs.
Pour cela, fédérer le groupe est très important. J’essaie de le faire à travers la thématique, qui est la même pour tous. Observer ce que les uns et les autres ont fait leur permet d’évoluer et d’apprendre ensemble.

 

  •  • Trois mots pour décrire l’ambiance de ton atelier ?

Conviviale, chaleureuse et sérieuse.

 

  •  • Ta technique, outil, matériau ou support favori ou indispensable ? Pourquoi ?

C’est difficile, c’est très large ! Je dirais le toucher. J’aime beaucoup travailler avec mes mains. D’où le dessin, la gravure, la peinture avec des techniques mixtes… j’aime la matière. Je ne suis pas dans le conceptuel, je suis plutôt dans le toucher. C’est d’ailleurs pour cela que lorsque je fais un livre d’artiste, je le fais de A à Z, sauf pour la typographie, que je ne sais pas faire. C’est un autre métier. Je fais même le coffrage.

 

  •  • Les « petites manies » de ton atelier ?

Il n’y en a pas particulièrement si ce n’est qu’ils ne voient pas les 3 heures passer ! Ils ne s’arrêtent pas du début à la fin.
Sinon, je parle beaucoup, je blague… j’utilise l’humour pour mettre le groupe à l’aise ! Petit à petit, j’essaie aussi d’enlever le vouvoiement, cela décomplexe, c’est le plus important.

 

  •  • Des projets ?

Cela fait plusieurs années que je travaille sur un projet de recherche plastique et de création déployé autour et d’après une photographie de presse d’Hocine Zaourar : « la Madone de Bentalaha » AFP 1999. J’ai pour but d’en faire une exposition et un catalogue. J’utilise plusieurs techniques : le dessin, la gravure, la photographie. Cela prend du temps mais ça avance.

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur les ateliers d’Hakim à Paris-Ateliers : Dessin toutes techniques, Livre d’artiste, Dessin – carnets de voyage

Pour découvrir le travail d’Hakim, c’est ici.

Enfin, pour lire les autres portraits d’intervenants, c’est ici.

 

Photographie Hakim Beddar ©adagp - Paris 2023